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françois bayrou - Page 10

  • Refondation du Centre. L’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein

    On peut voir le rassemblement de l’espace centriste en cours comme un succès ou un échec. De même, on peut la considérer comme une vraie démarche politique ou comme un spectacle politicien indigne où des adversaires de la seconde d’avant sont devenus des amis à la vie à la mort de la seconde d’après afin de récupérer quelques pourcentages et quelques sièges lors des prochaines élections.

    C’est la sempiternelle histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein.

    Analyse rapide en ce mois de février alors que les élections municipales puis les européennes se profilent à l’horizon.

    - Succès ou échec?

    Après un succès d’estime dans les médias (mais pas dans les sondages), l’Alternative (UDI + MoDem) n’a pas réenchanté la politique ni bouleversé le paysage politique français.

    Pire, il semble bien que l’«organisation coopérative» soit tombée dans les chicaneries politiciennes et les querelles de personnes.

    Les propos de François Bayrou sur Rama Yade et la réponse de celle-ci (voir L’Humeur du Centriste) ne sont qu’une illustration parmi d’autres d’un climat, sinon délétère, du moins loin d’être amical.

    Etait-ce prévisible?

    A voir François Bayrou et ses fidèles lieutenants chanter les louanges du rassemblement des partis centristes comme les nouveaux convertis on avait ressenti un certain malaise en novembre dernier. Ceux-là même qui espéraient un strapontin dans un gouvernement socialiste tel Robert Rochefort étaient désormais les plus critiques de François Hollande, encore plus rentre dedans que les membres de l’UDI.

    Mais de l’eau a passé sous les ponts et le Mouvement démocrate, comme l’ont bien noté quelques observateurs aiguisés, a montré sa vraie nature, celui d’un rassemblement de militants venus d’horizons divers, unis uniquement derrière un projet personnel, celui de François Bayrou de devenir président de la république.

    Les alliances à géométrie variable (de l’UMP au Parti communiste!) du MoDem aux municipales en sont un exemple emblématique.

    Du coup, il y a autant de positionnements politiques au Mouvement démocrate qu’il y a de militants (dont le nombre, de l’aveu même des dirigeants du parti, est en chute libre).

    In fine, on ne sait pas très bien quelle part du Mouvement démocrate s’est alliée avec l’UDI: 20%, 50%, 60%?!

    De son côté, l’UDI qui devait être le grand vainqueur du rassemblement centriste, a très mal géré la création de l’Alternative.

    Car c’est bien du ralliement de François Bayrou dont il était question au départ alors qu’il semble bien, aujourd’hui, de savoir si Jean-Louis Borloo va pouvoir résister à la nouvelle OPA de Bayrou sur l’espace centriste.

    Car l’UDI n’a, pour l’instant, strictement rien gagné dans l’affaire et les latitudes laissées au Mouvement démocrate font de ce dernier, étonnamment, le «gagnant» du rassemblement centriste.

    En fait, cela démontre surtout que cette refondation du Centre s’est bâtie sur un double-échec – échec du Mouvement démocrate dans sa tentative de porter Bayrou à l’Elysée, échec de l’UDI a bâtir une formation centriste forte – plutôt que sur une double dynamique du succès.

    Du coup, pouvait-on espérer mieux à court terme?

    Cela ne veut pas dire qu’un double-échec ne peut pas se transformer en succès dans les années à venir, surtout en politique.

    - Vraie retrouvailles ou rabibochage de façade?

    Les militants de l’UDI et ceux du Mouvement démocrate ont de réelles convergences de vues et ils partagent souvent des valeurs identiques.

    Mais ils ont également d’aussi réelles divergences.

    De plus, ceux de l’UDI sont souvent d’anciens UDF déçus par Bayrou alors que ceux du Mouvement démocrate sont souvent des inconditionnels de ce même Bayrou.

    En outre, les leaders de l’UDI sont pratiquement tous d’anciens lieutenants de Bayrou qui l’ont quitté à cause de divergences sur la ligne politique mais aussi à cause de sa personnalité et de son entourage.

    Lors des retrouvailles de novembre 2013, on s’est congratulé et on est tombé dans les bras les uns des autres.

    Mais cela n’a eu qu’un temps.

    Depuis, les critiques et les distances ont réapparu, ce qui est normal puisque rien n’avait été purgé.

    Pour autant, l’UDI et le Mouvement démocrate, pour avoir une chance de peser dans le débat politique, doivent faire vivre l’Alternative et y vivre.

    Donc, derrière le rabibochage de façade, il y a de vrais enjeux politiques pour les deux formations qui seront peut-être un ciment plus puissant qu’une convergence de pensée et d’action.

    Encore une fois, le juge de paix sera le double rendez-vous électoral de cette année, les municipales et les européennes.

    Si les résultats sont mauvais, l’Alternative aura sans doute des lendemains d’élections plus que difficiles.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

  • L’incongrue nouvelle amitié entre François Bayrou et Jean-François Copé

    Qu’est-ce qui est le plus étrange: que Jean-François Copé accepte que l’UMP supporte François Bayrou pour les municipales à Pau ou que ce dernier se déclare «heureux» de recevoir le soutien de cette formation politique?

    Parce qu’il faudra qu’on nous explique comment l’UMP et le Mouvement démocrate ont pu s’affronter durement pendant les cinq années de la présidence de Nicolas Sarkozy (comme l’UDF, l’ancêtre du MoDem, pendant le deuxième mandat de Jacques Chirac), sans oublier l’appel au vote de Bayrou pour Hollande, l’adversaire de Sarkozy, et comment les deux partis peuvent se retrouver sans inventaire, surtout au moment où François Bayrou déclare que François Hollande adopte enfin la bonne politique...

    Que l’on comprenne bien, ce n’est pas les alliances du Centre qui sont en cause, même pas celle entre le Mouvement démocrate et l’UMP, même après brouilles et embrouilles.

    Néanmoins, pour qu’il y ait alliance en bonne et due forme, il faut s’entendre sur le fond.

    Et là, on est en droit de se demander ce qui rapproche actuellement l’UMP et le Mouvement démocrate.

    Peut-être beaucoup de choses mais il faudrait au moins que leurs leaders en discutent et qu’ils l’expliquent au bon peuple!

    Car le seul fait de se déclarer contre Hollande et son gouvernement n’est pas suffisant pour nouer une alliance surtout si l’on dit, dans le même temps, que sur le fond la politique de Hollande est la bonne.

    Si cela ne tenait qu’à se dire anti-Hollande, le MoDem pourrait s’allier, au choix, avec le Front national, le Front de gauche, le Parti communiste, le NPA et bien d’autres encore… comme l’UMP.

    Que l’UDI et le Mouvement démocrate ait décidé de faire alliance et de créer l’Alternative, pas de problème, puisqu’il s’agit, à l’heure actuelle, d’une «organisation coopérative» qui doit élaborer un programme commun sur des bases assez solides d’une convergence de vues sur nombre de sujets (même s’il y aura des dossiers épineux).

    Que l’Alternative, au nom de l’alliance «naturelle» entre l’UDI et l’UMP, mène automatiquement à un rapprochement UMP-MoDem sans aucune clarification politique de ce qui rapproche les deux partis semblent quelque peu une insulte aux électeurs, tant ceux de l’UMP que ceux du Mouvement démocrate ainsi qu’aux militants comme a pu le constater François Bayrou, interpelé sur la question lors du congrès de sa formation, samedi 18 janvier, à Paris.

    A moins que seule la victoire soit belle et non comment on l’obtient, avec qui et sur quelles idées.

    Dans le dictionnaire des synonymes, incongrue rime d’ailleurs avec cynique.

     

    De grâce, messieurs les leaders du Centre, faisons en sorte que dans celui de la politique, centriste ne rime plus avec opportuniste …

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Toute mesure centriste est bonne à prendre

    Saint-Thomas d'Aquin disait «Ne regarde pas à celui qui parle, mais tout ce que tu entends de bon, confie-le à ta mémoire».

    En le paraphrasant, on pourrait ajouter «Ne regarde pas à celui qui agit, mais tout ce que tu vois de bon, supporte-le».

    Une maxime qui s’applique très bien à la vision centriste de la politique qui refuse le sectarisme et les extrêmes afin de rechercher le juste équilibre.

    Car, oui, pour le bien du pays et de sa population, toute mesure centriste est bonne à prendre.

    Si l’on parle de cela, c’est évidemment après la conférence de presse de François Hollande du 14 janvier où il a paru infléchir sa politique économique.

    Du coup, de nombreuses personnalités centristes ont indiqué que les paroles allaient dans le bon sens et qu’elles seraient prêtes à supporter les actes s’ils suivaient.

    Les analystes politiques ont alors expliqué que l’Alternative qui regroupe l’UDI et le Mouvement démocrate, se trouvait devant un dilemme, elle qui se revendique dans l’opposition et dans une «alliance naturelle» avec la Droite.

    De même, ils ont pointé que des membres de l’UMP comme l’ancien premier ministre de Jacques Chirac, Jean-Pierre Raffarin, emboîtait le pas, créant, selon eux, une certaine zizanie dans le parti de droite.

    Au-delà de cet épisode conjoncturel dont on ne sait pas, au jour d’aujourd’hui, s’il redessine réellement la politique de François Hollande vers un social libéralisme, voire un libéralisme social et s’il débouchera, in fine, sur une reconfiguration du paysage politique français au cas où le Parti socialiste fait sa mue dans la foulée, on peut évoquer le positionnement des partis centristes qui est toujours interrogé lorsque les partis de droite ou de gauche se rapprochent de leurs thèses.

    Bien sûr, les leaders centristes ont rappelé qu’ils se trouvaient dans l’opposition, qu’ils n’avaient pas vocation à rejoindre la majorité présidentielle mais qu’ils faisaient de l’opposition constructive et qu’ils supporteraient toute initiative qui va dans le bon sens, c’est-à-dire dans le sens qu’ils défendent.

    Pour autant, des membres de l’UMP non-centriste ont dit la même chose et c’est le moins que l’on puisse attendre des femmes et des hommes politiques dans une démocratie où le compromis n’a jamais été et ne doit jamais être un gros mot.

    D’ailleurs, de nombreux textes, lors de chaque législature, sont votés par l’ensemble des députés ou des sénateurs.

    Ce dont il faut parler, c’est le positionnement du Centre.

    Si le rapprochement Borloo-Bayrou semble l’avoir déplacé vers la Droite, les centristes ne peuvent pas ignorer que leurs valeurs mais aussi leur électorat, en partie, demande un positionnement responsable et que ce dernier passe par une indépendance non-négociable.

    Rappelons qu’indépendance et alliance sont deux choses différentes, ce que François Bayrou ne voulait pas reconnaître pendant des années.

    Dès lors, être indépendant durant toute une législature ne veut pas dire que l’on est dans l’isolement et que l’on doit refuser toute alliance au moment des élections avec ceux de qui ont se sent le plus proche et avec qui on conclue un accord programmatique.

    Si les partis centristes ne sont pas les moteurs d’une démocratie apaisée et consensuelle, ils portent alors la coresponsabilité avec les partis de droite et de gauche d’un climat tendu et délétère qui aboutit à faire monter les forces et les opinions extrémistes.

    Mais cette mission qui incombe au Centre ne doit jamais tourner à l’opportunisme et à la compromission.

    C’est un juste équilibre qu’il faut trouver, là aussi…

    Alexandre Vatimbella

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  • Le Centrisme en France en 2014. Elections à hauts risques et grands espoirs

    En 2014, on pourrait assister à la résurrection tant attendue d’un Centre politique fort et porteur d’avenir.

    Néanmoins il est fort possible également que l’on assiste, après une refondation à la va-vite, à sa décomposition, non pas finale mais rejetant les centristes dans les affres de groupuscules ennemis pour quelques années.

    C’est peu dire que l’année qui vient est importante pour les centristes.

    Entre les élections municipales et européennes, la rédaction d’un projet politique crédible et l’union entre centristes indépendants et ceux en-dehors de l’Alternative (essentiellement à l’UMP mais pas seulement), sans oublier la nécessité pour Borloo et Bayrou de s’entendre tout en essayant d’acquérir une image dynamique et responsable, il y a du pain sur la planche.

    - Les défis électoraux du Centre

    A l’heure où l’on écrit, il est difficile de savoir où en seront les listes centristes aux municipales et aux européennes dans les semaines à venir. C’est dire si les défis électoraux du Centre ne sont pas gagnés, loin de là.

    Pour les municipales, le flou règne dans de nombreuses villes où les situations sont aussi disparates que les centristes qui s’unissent ou s’affrontent.

    Ainsi, toutes les combinaisons sont sur la table ce qui en dit long sur l’incapacité des centristes à trouver un terrain d’entente et sur l’image opportuniste qu’ils sont malheureusement en train de donner aux électeurs.

    Dans certaines villes, le Mouvement démocrate sera l’allié du Parti socialiste alors que l’UDI sera celui de l’UMP. Dans d’autres, des listes autonomes de l’Alternative (MoDem + UDI) seront présentes contre l’allié «naturel» UMP. Dans d’autres encore, il y aura listes communes entre cet allié naturel et l’Alternative dès le premier tour. Sans oublier des alliances, certes isolées, entre UDI et PS.

    Sans parler évidemment de l’imbroglio parisien…

    Du coup, la grande clarification des alliances centristes qui était, pour Jean-Louis Borloo, la condition sine qua non du rapprochement entre le Mouvement démocrate et l’UDI n’aura pas lieu à l’occasion des municipales.

    Sera-ce le cas lors des élections au Parlement européen?

    Selon les discours des responsables centristes, la réponse semble positive. Semble parce qu’il demeure deux inconnues.

    La première est les intentions de vote en faveur de listes centristes autonomes. Si celles-ci sont très basses, les leaders de l’Alternative peuvent être tentés de faire alliance avec l’UMP pour éviter un comptage qui serait une gifle électorale.

    D’autant que la deuxième inconnue viendra de l’intensité de la pression «amicale» que mettra l’UMP à l’établissement de listes communes afin d’éviter que le Front national ne soit pas la formation qui remporte les élections (ou qui soit, en tout cas, devant une liste UMP autonome).

    On a vu, par le passé, que Jean-Louis Borloo avait du mal à résister aux demandes pressantes de ses «amis» de l’UMP.

    Dès lors, on ne peut être sûr de rien sauf d’affirmer que si l’Alternative ne se présente pas seule aux européennes, on se demande comment elle justifiera son existence aux yeux des électeurs et comment les centristes seront capables de surmonter ce nouvel échec de vivre de manière autonome et indépendante.

    - Les défis programmatiques du Centre

    La mise en place de l’Alternative s’est faite dans la précipitation des futurs scrutins et de la nécessité d’exister afin de ne pas sombrer dans l’anonymat et la division.

    Du coup, on s’est contenté de dire que l’on était d’accord sur la critique du gouvernement en place (ce qui n’était pas très difficile au vu de l’absence de réels résultats) et sur l’alliance «naturelle» avec l’UMP (ce qui n’était pas, non plus, très difficile, vu que François Bayrou avait reçu une fin de non-recevoir de la part de François Hollande et des socialistes).

    Mais, bien entendu, cela ne suffira pas à faire vivre l’Alternative de manière plus qu’éphémère sauf s’il y a un accord programmatique, un projet politique commun.

    Paradoxalement, cet accord, ce projet, semblent moins difficile à réaliser que de rapprocher les personnalités.

    Pour autant, il ne faudra pas minimiser les différences qui sont autant économiques et sociales (le MoDem étant largement plus keynésien que l’UDI) que sociétales (le MoDem étant plus libéral en la matière que l’UDI).

    - Les défis refondateurs du Centre

    L’Alternative ne devrait être qu’un premier pas dans une refondation plus globale du Centre où il faudra faire les yeux doux aux centristes encore «égarés» à l’UMP ou à gauche, en particulier aux Radicaux de gauche. Sans oublier quelques électrons libres qui se baladent au grès des opportunités sur l’échiquier politique comme Corinne Lepage.

    Si l’on peut penser qu’il y aura quelques ralliements à l’Alternative, notamment si les résultats électoraux sont bons, il ne devrait pas y avoir de raz-de-marée en la matière en 2014.

    Mais la capacité de l’Alternative d’attirer les centristes encore sceptiques prouvera, à la fois, le bien fondé de la démarche et son succès.

    Reste que c’est sans doute dans la capacité à demeurer une «organisation coopérative» efficace que se trouve le vrai défi de l’Alternative.

    Car rien n’est vraiment joué pour l’instant et l’on peut imaginer que des mauvais scores aux prochaines élections affaibliront la nouvelle structure politique.

    De même, un succès pourrait également la fragiliser, chacun des protagonistes voulant sûrement à cette occasion tenter une OPA en sa faveur.

    Et puis, il y a les déçus et les perdants de cette réunion comme Jean-Christophe Fromantin (déçu) et Hervé Morin (perdant). Que vont-ils faire?

    Leur but est d’affaiblir l’Alternative ou le duo Bayrou-Borloo pour se faire une place au soleil.

    Si l’on peut penser que Fromantin à des chances de quitter l’Alternative et l’UDI, on serait tenté de prédire que Morin devra encore ronger son frein cette année en essayant d’exister politiquement, ce qui devient de plus en plus difficile pour lui.

    Bien entendu, le défi le plus difficile à relever sera la bonne entente entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou, deux personnalités différentes, avec des visions différentes de la politique, des ambitions politiques différentes et partageant une «amitié» pour le moins versatile.

    Jean-Louis Borloo doit encore démontrer qu’il est un chef légitime du Centre et qu’il a envie de vraiment créer un espace centriste indépendant. Sans oublier qu’il doit prouver son courage politique et sa capacité à aller au combat.

    Sans doute que son ambition est plus de devenir un premier ministre qu’un président de la république. Mais il doit faire avec les institutions de la V° République qui font du chef d’un parti, le candidat naturel de ce dernier à la présidentielle.

    S’il ne relève pas ce défi, il pourrait être mangé tout cru par François Bayrou.

    Car le président du Mouvement démocrate va jouer sa dernière carte pour demeurer dans la course à l’Elysée, la seule qui importe pour lui malgré ses dénégations.

    L’accord avec l’UDI était, pour lui, une question de vie ou de mort politique.

    Reste qu’il va devoir convaincre ses nouveaux anciens amis de lui faire confiance, ce qui n’est pas gagné au vu des réactions officielles et officieuses de nombre d’entre eux.

    Néanmoins, il a un temps d’avance sur Jean-Louis Borloo pour se parer du titre de leader naturel du Centre et être, de ce fait, le candidat naturel de celui-ci à la présidentielle.

    Cependant et même si les deux hommes obtiennent de très bons résultats dans les baromètres de bonnes opinions des médias, peu de Français ne leur concède les qualités nécessaires pour diriger le pays.

    Il leur faudra donc convaincre pour avoir une chance en 2017.

    A moins que d’ici là un troisième larron ne fasse son apparition. Et il ne s’agit pas seulement d’une figure de style, tant les centristes ont la capacité de se jeter dans les bras d’un sauveur (le cas de l’UDI avec Borloo en est une preuve récente), eux qui pourtant affirment détester les hommes providentiels…

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • L’année du Centrisme en France. 2013, une refondation du Centre tant attendue en chantier

    A l’orée de 2013, nous disions que celle-ci serait une année décisive pour le Centre et les partis centristes dans la reconstruction d’un espace centriste après la déculottée des élections présidentielles et législatives de 2012.

    Une année sans élections nationales qui devaient permettre l’amorce de tentatives de rapprochement des centristes comme de celles de positionnements politiques spécifiques sans autre pression que de se préparer à 2014 et aux scrutins municipal et européen.

    Tout cela a eu lieu comme prévu avec une réunion entre l’UDI de Jean-Louis Borloo et le Mouvement démocrate de François Bayrou même si les interrogations demeurent sur sa pertinence et sa durée.

     

    L’Alternative ou plutôt «UDI-MoDem: le Centre, l’Alternative» qui est la vraie dénomination de cette «organisation coopérative» a donc vue le jour le 5 novembre dernier devant un parterre de journalistes qui ont assisté à un show d’un François Bayrou très à l’aise et à une intervention bien pâle d’un Jean-Louis Borloo emprunté, se succédant à la tribune pour annoncer leur union.

    Celle-ci a été pour le moins rapide à se conclure, trop rapide pour certains centristes, que ce soit du côté de l’UDI ou du Mouvement démocrate, qui craignent une alliance superficielle et sans consistance, surtout uniquement électoraliste.

    Si l’on peut effectivement se demander qu’elle est la véritable assise politique et programmatique de l’Alternative, tant les discussions ont été nébuleuses et tant les discours demeurent éloignés sur certaines questions, il est évident que l’alliance des deux partis du centre de l’échiquier politique français est électoraliste, plus une question d’existence même, si ne ‘est encore existentielle, tellement les résultats des sondages concernant l’UDI et le Mouvement démocrate demeurent désespérément médiocres.

    D’ailleurs, une première réponse sur les capacités de l’Alternative d’en être vraiment une face au PS et à l’UMP (l’allié «naturel») a été donné dans l’incapacité dans de très nombreuses villes de voir l’UDI et le MoDem s’alliés dans une liste commune uniquement centriste pour les prochaines municipales et devant faire alliance dès le premier tour avec l’UMP.

    Paris est évidemment le cas emblématique de ces difficultés de peser politiquement et électoralement tout en étant une épine dans le pied de l’UMP qui craint que les listes de l’Alternative, que ce soit aux municipales ou aux européennes, permettent au Front national de devancer la formation de droite.

    L’Alternative serait donc, pour l’instant, plus forte par son pouvoir de nuisance que par son pouvoir d’attraction.

    Cette analyse sera évidemment au cœur des commentaires sur les résultats des deux échéances électorales de 2014.

    Encore un mot sur cette «organisation coopérative» qui a permis à l’UDI et au Mouvement démocrate de s’unir. Jusqu’à maintenant, elle n’a pas réussi à débaucher plus que quelques personnalités éparses chez les centriste de l’UMP (comme Pierre Méhaignerie) et aucune du côté du centre-gauche.

    De ce point de vue, son pouvoir d’attraction à l’intérieur même de la mouvance centriste est demeuré très limité en 2013.

     

    François Bayrou n’y arrive plus, Jean-Louis Borloo n’y arrive pas encore

    On avait laissé, fin 2012, un François Bayrou battu et en plein doute mais pas encore résigné à abandonner son «indépendance», d’un côté, et de l’autre, un Jean-Louis Borloo plein d’espoirs, affirmant avoir conquis son «indépendance» mais toujours aussi velléitaire.

    Le premier avait perdu les présidentielles et les législatives, ne parvenant pas à être le partenaire qu’il rêvait d’être de François Hollande et de la Gauche tout en continuant à perdre des troupes au centre.

    Le second avait bien mis en place l’UDI en récupérant des partis centristes en plein désarroi et déliquescence mais tardait à s’imposer comme chef d’autant que son positionnement politique demeurait flou (de droite, de centre-droit, de droite modérée, du centre, radical, républicain?).

    Un an après, François Bayrou a perdu le match de la prééminence au centre de l’échiquier politique et tente de gagner celui du leadership dans le nouvel ensemble de l’Alternative.

    Jean-Louis Borloo a bien gagné le match de la prééminence au centre mais il a été incapable de s’imposer comme le leader «naturel» des centristes.

    La bataille du leadership au centre a, néanmoins, été lancée en 2013 avec la création de l’Alternative.

    Le gagnant sera, évidemment dans notre système constitutionnel de la V° République, celui qui représentera cette Alternative (si elle existe encore…) à la présidentielle de 2017.

    Au vu de ce qui s’est passé en 2013 et notamment les deux derniers mois de l’année, François Bayrou a pris une petite avance médiatique sur Jean-Louis Borloo. Pas sûr, en revanche, qu’il soit encore capable de mobiliser des troupes dans quatre ans pour être un outsider crédible à la présidentielle après, rappelons-le, trois tentatives ratées où il n’a jamais pu se qualifier pour le deuxième tour malgré son bon score de 2007.

     

    Hervé Morin cherche une porte d’entrée, Jean-Christophe Fromantin une porte de sortie

    Chez les seconds couteaux centristes qui se retrouvent dans l’Alternative, deux sont en porte-à-faux pour des raisons diamétralement différentes.

    Il y a d’abord Hervé Morin, le président du Nouveau centre et vice-président de l’UDI qui ne parvient pas à exister face à Bayrou et Borloo et ce, malgré des déclarations à l’emporte-pièce et parfois surréalistes, afin d’attirer l’attention des médias.

    Incapable d’exister de manière autonome lorsqu’il était à l’UDF de Bayrou, ministre de la Défense sans grands pouvoirs de Nicolas Sarkozy, chef très contesté d’un Nouveau centre incapable de se structurer en grand parti, second rôle à l’UDI face à un homme qu’il déteste, Jean-Louis Borloo, son avenir semble assez bouché.

    Sans oublier ses déboires lors de la présidentielle de 2012 (1% d’intentions de vote ou moins, incapacité de réunir les 500 signatures nécessaires pour se présenter alors que Jacques Cheminade y parvint).

    On le comprend, 2014 sera une année cruciale pour Morin s’il ne veut pas disparaître des écrans radars de la politique spectacle et se cantonner à être un «simple» député du département de l’Eure.

    Pour Jean-Christophe Fromantin, 2014 est également l’année de tous les dangers où il va devoir s’affirmer comme un homme politique de premier plan, capable de se faire (re)connaître au-delà de sa ville de Neuilly-sur-Seine et de voler de ses propres ailes tellement sa présence à l’UDI semble incongrue.

    Les prochaines municipales vont être son premier test. On se rappelle qu’il avait réussi contre toute attenter à enlever la mairie aux proches de Sarkozy, le «parrain» politique de la ville et alors fraîchement élu président de la république, lors des municipales de 2008 avec une liste indépendante de droite.

    Fromantin est devenu ensuite député en 2012 tout en rejoignant l’UDI et devenant le responsable du projet politique.

    Tout semblait lui sourire. Mais l’homme est un loup solitaire avec des idées bien arrêtées qui sont souvent fortement éloignées de celles de Jean-Louis Borloo, son président, et même de celles du Centre.

    Il y a donc de l’eau dans le gaz, d’autant qu’il a combattu et qu’il combat toujours avec une grande énergie la mise en place de l’Alternative et le rapprochement avec Bayrou, homme pour lequel il n’a aucune sympathie, ce qui est un euphémisme.

    De l’autre côté, l’UMP veut lui faire payer sa transgression de 2008.

    Du coup, il pourrait être un des grands perdants de l’année qui vient.

    Mais s’il gagne ses challenges alors il prendra sans doute une nouvelle dimension politique, pas forcément au centre de l’échiquier politique malgré tout.

    Reste, pour autant, à ce qu’il développe un discours politique plus consistant.

     

    Jean-Christophe Lagarde, éternel espoir?

    Le député-maire de Drancy avait réussi une année 2012 particulièrement prometteuse en créant une formation politique (FED) et en étant un des artisans principaux de la création de l’UDI aux côté de Jean-Louis Borloo.

    Celui qui est vu comme un espoir du Centre depuis plusieurs années a, malgré tout, eu du mal à sortir du lot en 2013.

    Evidemment, la faiblesse des partis centristes ne permet pas une exposition médiatique forte mais Jean-Christophe Lagarde est demeuré dans l’ombre de Jean-Louis Borloo même s’il a critiqué plusieurs fois le manque de consistance politique de ce dernier.

    Et la création de l’Alternative, le voit maintenant derrière, non seulement, Borloo mais aussi Bayrou.

    Dès lors, l’année qui vient de passer n’aura pas été celle de son éclosion sur la scène politique. Pire, elle pourrait annoncer son déclin s’il ne trouve pas l’énergie nécessaire pour exister face à ses deux rivaux.

     

    - Quid des centristes de l’UMP

    Devant le rapprochement de l’UDI et le Mouvement démocrate, plusieurs centristes de l’UMP ont marqué leur intérêt mais pas plus. Peu d’entre eux ont rejoint la nouvelle entité qui ne deviendra attrayante que si elle obtient des résultats électoraux.

    Mais si Jean-Pierre Raffarin ou quelques autres se sont montrés affables avec l’Alternative, d’autres comme Jean-Philippe Daubresse, ont musclé leurs discours qui a plus à voir désormais avec celui de la droite dure que du centre-droit, rappelant que les opportunistes au centre de l’échiquier politique sont toujours d’actualités...

    Pour autant, en 2013, l’UMP n’a globalement pas perdu ses centristes ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour l’Alternative qui doit absolument en convaincre un certain nombre en 2014 pour passer un cap politique indispensable.

     

    - Où sont les nouvelles têtes?

    Soyons clairs et succincts, il n’y a eu aucune nouvelle tête centriste qui a émergé en 2013.

    Ce sont plutôt les vieux de la vieille qui ont tenu le haut du pavé, de Borloo à Bayrou en passant par Raffarin.

    Dans ce registre (même si on ne voit poindre aucune tête particulière), vivement 2014!

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • La refondation du Centre connait son premier tournant

    Personne ne pensait que la réunion de l’UDI et du Mouvement démocrate dans l’Alternative en novembre dernier serait un long fleuve tranquille une fois que leurs deux ténors se seraient serrés la main.

    Les premières tensions étaient d’ailleurs apparues dès l’accord entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou avec nombre d’élus et de dirigeants, à la fois du côté de l’UDI et du MoDem, qui demeuraient dubitatifs sur un rapprochement qui se faisait sans discussions approfondies à tous les niveaux.

    Mais nécessité faisant loi, l’approche des municipales et des européennes, l’Alternative devait se cimenter dans l’action disait-on dans les états-majors.

    Force est de reconnaître que la constitution des listes pour les municipales montre les limites de cette stratégie.

    Bien sûr, il y a Paris où l’on assiste à un psychodrame avec un Jean-Louis Borloo «ulcéré» selon Le Figaro, «en fureur» selon Le Monde, menaçant même une absence de listes communes aux municipales et aux européennes (remettant donc en cause le contrat signé avec François Bayrou) et accusant les chefs du Mouvement démocrate, notamment Marielle de Sarnez, de ne pas la jouer collectif.

    Et c’est vrai que l’on voit des craquements un peu partout qui légitime ce discours un rien comminatoire dans le sens où Borloo ne pouvait pas ne pas imaginer que les choses sérieuses et difficiles commenceraient une fois l’accord signé et non avant.

    Néanmoins, dans nombre de villes, les deux partis centristes travaillent dans une bonne ambiance et il ne faudrait donc pas exagérer la crise que connait actuellement l’Alternative.

    Sauf que les problèmes se situent dans des endroits très emblématiques comme Paris mais aussi Marseille, Toulouse, Lille, Lyon, etc.

    Et ce n’est pas parce qu’on fera liste commune (et souvent avec l’UMP dès le premier tour) dans quelques petites bourgades que cela atténuera le sentiment de malaise qui émane des mauvais rapports dans les grandes villes.

    Quoi que l’on pense de l’Alternative, il serait catastrophique pour les partis centristes et l’avenir proche du Centre en France que celle-ci implose dès ses premières difficultés.

    Mais si cela se produit, ne serait-ce pas la conséquence naturelle d’un contrat rédigé et signé à la va-vite?

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Refondation du Centre. Premiers pas de l’Alternative, entre espoir et statisme

    Depuis que l’UDI et le Mouvement démocrate se sont alliés dans l’Alternative, la consolidation de cette dernière est à l’ordre du jour en vue des municipales et des européennes.

    Comme on pouvait le supposer, la réunion des centristes est plus facile à décréter dans les états-majors parisiens qu’à faire sur le terrain.

    De même, il reste beaucoup à faire afin de convaincre les électeurs même si une majorité de Français approuvent la création de cette «organisation coopérative» selon les termes même du contrat établi entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou.

    L’établissement des listes communes pour les municipales ainsi que les alliances dès le premier tour occupent largement les leaders de l’Alternative.

    Au-delà de la candidature de François Bayrou à Pau, où il est probable malgré la ferme opposition de l’UMP locale ainsi que de Jean-François Copé, que le président du MoDem soit investi in fine par la Droite et le Centre (il a reçu le soutien d’Alain Juppé et de François Fillon, notamment), les cas difficiles sont nombreux.

    Il y a bien sûr les grandes villes comme Paris (où le Mouvement démocrate avec Marielle de Sarnez a tenté de court-circuiter l’UDI en pleine bagarre interne en s’alliant directement avec l’UMP Nathalie Koscuisko-Morizet pour de meilleures places), Marseille (où l’UDI soutien le maire sortant, Jean-Claude Gaudin, alors que le Mouvement démocrate s’y refuse) et Lyon mais aussi toutes ces villes où les alliances de l’UDI ne sont pas les mêmes que celles du Mouvement démocrate comme à Dijon, à Chartres ou à Auxerre, entre autres.

    Bien sûr, avant le dépôt des listes, il y aura des négociations et des accords mais il semble assuré que les exceptions seront encore nombreuses.

    Il restera ensuite à constituer les listes communes aux européennes en servant tout le monde sans faire trop de déçus aigris…

    Mais les discussions entre UDI et Mouvement démocrate pour les municipales ne sont que le premier niveau d’un plus vaste marchandage avec l’UMP.

    Là aussi, l’Alternative va devoir affirmer son existence alors que les discussions concernent plus en ce moment l’UDI et l’UMP avec, d’ailleurs, de nombreuses pierres d’achoppement comme à Strasbourg, à Nîmes ou à Rouen, etc.

    Outre les municipales et les européennes, l’Alternative doit exister médiatiquement.

    C’est dans ce sens qu’il faut décrypter l’annonce qu’une proposition de loi sera faite chaque mois dans un domaine différent.

    Sans oublier la sortie de la naphtaline du fameux contre-gouvernement mis sur pied par Jean-Louis Borloo voici plusieurs mois sur le modèle du «shadow cabinet» britannique et de l’initiative prise voici quelques années par… François Bayrou et qui avait fait un flop.

    Ce contre-gouvernement a ouvert ses portes et ses places au Mouvement démocrate en tenant une réunion sur la fiscalité fin novembre où l’on a plaidé pour un «Grenelle de la dépense publique»…

    Il en faudra sans doute plus pour faire exister cet organisme, d’autant que celui-ci, dans l’optique d’une alternance et de l’alliance «naturelle» UDI-UMP, devrait avoir des membres de cette dernière formation politique pour être vraiment crédible.

    Reste que les partis centristes veulent affirmer leur spécificité, ce qui est une bonne chose, bien entendu, ce qui ne serait plus le cas dans le cadre d’un shadow cabinet dominé «naturellement» par l’UMP.

    Car la grande difficulté de l’Alternative et qui était déjà celle de l’UDI va être d’affirmer sa personnalité et son existence même ainsi que de ne pas apparaître que comme un supplétif de l’UMP, alors même qu’elle s’est déjà rangée aux côtés de cette dernière électoralement parlant et qu’elle n’est pas la formation dominante.

    C'est sûrement dans le mouvement qu'elle trouvera sa raison d'exister, mouvement qui pourrait, paradoxalement ouvrir des brèches dans cette entente pour l'instant a minima.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Refondation du Centre: les centristes n’auront plus d’excuses

    Ainsi donc les centristes (la quasi-majorité d’entre eux) se sont réunis.

    Certes, il en reste encore quelques uns dispersés, à l’UMP, dans quelques micro-formations, aux Radicaux de gauche et au même au PS mais le gros des troupes se trouvent désormais dans la nouvelle alliance entre le Mouvement démocrate et l’UDI, elle-même confédération de plusieurs partis.

    Cette alliance a décidé de se positionner au centre-droit et comptera deux chefs de file au moins, Jean-Louis Borloo et François Bayrou mais Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde, voire Jean-Christophe Fromantin s’il ne claque pas la porte et quelques autres, restent à l’affût et ne laisseront certainement pas les deux premiers la préempter sans se positionner pour les combats électoraux futurs.

    Reste que désormais réunis les centristes vont pouvoir enfin se compter et ne plus pouvoir mettre sur le dos de la désunion et de l’éparpillement leurs insuccès ou leurs échecs.

    Autant dire que les partis centristes jouent gros.

    Mais la tâche n’est pas simple.

    S’ils doivent, bien entendu, convaincre les électeurs de leur capacité à représenter une force politique et électorale capable de nouer des alliances et de gouverner sans compromissions de leurs idées et de leurs valeurs, il leur faudra également convaincre tous les récalcitrants qui, au Mouvement démocrate et à l’UDI, estiment que cette alliance n’est pas souhaitable.

    Cela passe, évidemment, par un projet politique et des programmes électoraux et pas seulement par un positionnement dans l’opposition au président de la république actuellement en place et à son gouvernement.

    Cela passe également par des leaders, sinon charismatiques, au moins politiquement reconnus et non pas seulement appréciés pour leur personnalité.

    Ainsi, le hiatus dans les sondages à propos de Jean-Louis Borloo et François Bayrou est assez inquiétant.

    L’appréciation des hommes, qui est haute, est contrebalancée par une appréciation sur leur capacités politiques qui, elle, est plus que mitigée.

    Présenter un Centre et des centristes crédibles est donc le premier challenge de cette nouvelle alliance qui doit, dans le même temps, colmater les fissures qui sont apparues en interne avant qu’elles ne deviennent des fractures.

    La nouvelle union a six mois pour cela et plus d’excuses pour se cacher derrière en cas d’échec de son entreprise.

    Car les résultats des municipales et des européennes en 2014 démontreront, au-delà des simples chiffres qui seront malgré tout importants, s’il existe une dynamique en vue de 2017.

    C’est elle qui sera l’élément essentiel. Son absence pourrait tout remettre en cause plus vite qu’on ne le pense.

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Refondation du Centre. «UDI-MoDem: le Centre, l’Alternative» se veut une «organisation coopérative»

    Or donc les bans ont été publiés et voici le contrat de mariage entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou, un document de trois pages qui fixe les règles entre les deux formations centristes, l’UDI et le Mouvement démocrate.

    Rien de très révolutionnaire par rapport à ce qui était prévu si ce n’est que le texte est plus long et que l’on a essayé de synthétiser les différences pour les transformer en convergences.

    Exercice pour le moins difficile qui n’est pas vraiment atteint ce qui donne un verbiage parfois indigeste, parfois totalement illisible.

    Rien que la forme et la dénomination de cette «organisation coopérative» (sic!), «UDI-MoDem: le Centre, l’Alternative» (resic!) ne sont pas d’une clarté et d’une simplicité évidente.

    Cependant, l’important est plutôt à rechercher dans les affirmations sèches telles que «Nous condamnons la politique suivie par la majorité actuelle et le gouvernement», «L’alliance avec le PS est impossible», «La droite républicaine, en ce qu’elle est fidèle aux valeurs humanistes, est notre partenaire naturel».

    Ici, c’est clairement Jean-Louis Borloo qui a dicté la nouvelle règle centriste à François Bayrou.

    Quant à la forme de cette union, cette fameuse «organisation coopérative» qui doit être «une forme politique nouvelle à inventer qui respecte et fédère des sensibilités politiques différentes», elle contentera François Bayrou, laissant à chacun une latitude dont on verra à l’usage si elle ne porte pas en germes une séparation finale dès que les difficultés surgiront à propos de lignes politiques fondamentales même si les signataires de la charte précisent que «nos idées nous unissent, nos valeurs n’ont jamais cessé d’être les mêmes, nos convictions aussi» et que seule la «bipolarisation» est responsable de leurs divisions passées.

    Enfin, notons que cette union centriste se fait en rapport avec la situation de la France selon les termes de la charte, ce qui laisse penser qu’elle se situe plus dans la réaction que dans l’action et que le rapprochement a été rendu possible parce qu’il est «contre» (le gouvernement et le président de la république actuels) plutôt que «pour» (un projet et un programme politiques).

    Il reste donc du chemin à faire pour qu’elle devienne le terreau d’un espoir politique à vocation humaniste.

    Bien entendu, ce ne sont que des mots et l’essentiel sera, dans les semaines et les mois qui viennent, les actes (notamment en termes de projet) pour savoir s’il s’agit d’un événement seulement médiatique ou à vraie portée politique.

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • UDI: tensions et possibles scissions sur fond d’accord avec le MoDem

    Après le CNI (Centre national des indépendants) de Bourdouleix, l’UDI va-t-elle se séparer des libéraux démocrates d’Aurélien Véron puis de Territoires en Mouvements du maire de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromantin?

    Va-t-on assister à une énième recomposition au centre de l’échiquier politique plutôt que réunion des centres?!

    Telle sont les questions que l’on est en droit de se poser quand on regarde de plus près ce qui est en train de se produire dans l’espace centriste français.

    Petit rappel: l’UDI a été créée pour rassembler les partis centristes et les partis de la droite modérée.

    Dans le premier groupe on trouvait le Nouveau centre, Force européenne démocrate, et l’Alliance centriste.

    Dans le deuxième, on trouvait le Parti radical, le CNI, Territoires en Mouvements et le PLD (Parti libéral démocrate).

    Sans oublier quelques groupuscules indéfinissables tels la Gauche moderne, France écologie, Nouvelle écologie démocrate sensée donner une couleur progressiste et écologiste à la confédération.

    Après le dérapage du président du Centre national des indépendants sur les gens du voyage et leur élimination par les nazis, ce parti a été exclu de l’UDI à la rentrée.

    Entre temps est venu le temps du rapprochement Borloo-Bayrou qui devrait donner lieu à un «contrat» entre leurs deux partis, l’UDI et le Mouvement démocrate, selon la terminologie de Borloo, une «joint-venture» selon celle de Bayrou.

    Dans le même temps, le PLD qui avait rejoint récemment l’UDI a pris de nombreuses positions iconoclastes avec la ligne politique officielle.

    Du coup, beaucoup à l’UDI comme Yves Jégo et Hervé Morin, mais pas tous comme Jean-Christophe Lagarde, comme nous l’apprend un écho du Figaro songent à une séparation qui serait peu douloureuse tant il s’agit d’un micro-parti qui tente depuis quelques années de s’adosser désespérément à une formation plus importante pour exister (il avait fait des offres au Nouveau centre dont il était devenu un parti associé après avoir tenté de se rapprocher de l’Alliance centriste).

    L’opposition de Morin au PLD, si elle est confirmée, serait d’ailleurs assez étonnante, lui qui était un libéral bon teint dans l’UDF, proche de Léotard (dont il fut le chef de cabinet) et de Madelin, d’autant qu’il entretenait avec celui-ci de très bonnes relations il n’y a pas si longtemps que cela, participant même à ses tables rondes.

    En revanche, l’eau dans le gaz entre Jean-Louis Borloo et Jean-Christophe Fromantin représente un défi d’une importance bien plus grande pour l’UDI.

    Le maire de Neuilly-sur-Seine, étoile montante de la droite indépendante, avait été une belle prise pour Jean-Louis Borloo, lui qui avait réussi contre toute attente à enlever de haute main la mairie de Neuilly-sur-Seine aux sarkozystes puis, dans la foulée, à devenir député de la ville.

    Mais, indépendant avant tout, il ne s’est jamais vraiment fondu dans la formation de centre-droit et il s’était déjà distingué en étant un des chantres des opposants au mariage pour tous, montant même à la tribune du Champs de Mars aux côtés de Frigide Barjot lors de la manifestation parisienne pendant que le président de l’UDI, lui, approuvait l’union entre personnes du même sexe.

    Ses relations avec Borloo, alors même qu’il est en charge du projet politique de l’UDI ne sont donc pas au beau fixe, si elles ne l’ont jamais été.

    Et le voici, dans une interview au Figaro, qui tire à boulets rouges sur le rapprochement UDI-Mouvement démocrate, pièce essentielle de la stratégie Borloo.

    «Je suis extrêmement réservé, déclare-t-il sans ambages, sur tous les rapprochements qui procèdent davantage d'un schéma tactique que d'une perspective de projet. Le niveau de défiance des Français vis-à-vis des partis politiques est très important car ils nous reprochent de nous préoccuper davantage de la prospérité des systèmes politiques que des solutions pour la France. Je m'inquiète par ailleurs du risque de quiproquos autour de la notion de ‘centre’. Le MoDem me semble être davantage dans une recherche de compromis entre la droite et la gauche - d'où les virages imprévisibles aux présidentielles. Je ne suis pas du tout sur cette ligne. Le centre, tel que je le conçois, correspond à une ligne politique claire, ancrée à droite, orientée vers quelques principes fondamentaux comme le principe de subsidiarité, la confiance en l'initiative privée, le rôle structurant des entreprises dans les politiques sociales et l'attachement à un projet européen. L'UDI ne doit pas brouiller son message. Elle doit mettre son énergie au service de son projet et de ses valeurs.»

    On ne saurait être plus clair, Fromantin ne veut pas, mais vraiment pas d’une alliance avec Bayrou.

    Ce qui est exactement le contraire d’Hervé Morin.

    Celui qui a quitté son chef en 2007 pour créer le Nouveau centre avec d’autres dissidents de l’UDF parce que Bayrou avait refusé de voter pour Sarkozy (mais il avait aussi refusé de le faire pour Royal alors qu’en 2012 il a voté pour Hollande…), voit dans l’union avec le Mouvement démocrate, un moyen d’affaiblir la position de Jean-Louis Borloo.

    On peut donc penser que si la réunion MoDem-UDI se réalise, le maire de Neuilly-sur-Seine quittera l’UDI.

    On pourrait donc avoir une UDI amputée de trois partis (CNI, PLD, Territoire en Mouvement) au nom d’une refondation au centre-droit avec un Mouvement démocrate qui clame partout qu’il demeurera au centre du Centre et indépendant...

    Sans oublier qu’à l’intérieur du Parti radical, du Nouveau centre ou de Force européenne démocrate, certains sont toujours opposés à s’acoquiner avec Bayrou.

    La question qui devrait se poser tôt ou tard aux dirigeants de l’UDI est de savoir si la prise Bayrou vaut la peine de ce remue-ménage qui pourrait aboutir, in fine, à une scission plus prononcée de la formation au nom d’une réunion qui est, à l’heure actuelle, plus tactique que justifiée sur le fond.

    Alexandre Vatimbella

     

     

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